David Guetta - Nothing But The Beat

Il est devenu incontournable. DJ français numéro 1. DJ européen numéro 1. DJ international numéro 1. Autant le centre d’intérêt du public que de l’industrie musicale, tout le monde se fait la guerre pour se le louer ne serait-ce qu’une semaine ou deux pour qu’il me concocte un tube planétaire et que je me remplisse les poches durant quelques mois pendant qu’il acquerra de son côté encore plus de reconnaissance.
Et la machine fonctionne aujourd’hui encore, mieux que jamais. On pourra le nier, refuser de l’admettre et prolonger la mauvaise foi jusqu’au bout, on aura tous dansé sur certains de ses tubes tels que ‘Sexy Bitch’, ‘Memories’ ou encore ‘Love Is Gone.’
Son ascension a commencé à partir de l’ère “Pop Life”, où il restait le musicien charmant qui ne se prenait pas la tête et qui faisait sa musique dans son coin. Toujours accompagné de son acolyte le chanteur de Gospel Chris Willis, il siégeait en Europe sur le haut des charts grâce à des titres imparables tels que ‘Love is gone’, ‘Baby when the light’ ou encore ‘Tomorrow can wait’. Puis est venu la période ‘One Love’ où il a commencé à se substituer en producteur jeune pour ses 40 ans et qui remplit des contrats avec toutes sortes d’has been (Akon, Ne-Yo, Makebah, Estelle..) pour tenter de les rehausser légèrement dans le paysage musical pendant que lui se remplissait derrière le porte-monnaie.
On arrive enfin à cette nouvelle étape de la carrière du DJ où c’est carrément la conversion en machine fabricante de tubes pour des cruches et neverbeen à la recherche de moyen pour arrondir leur fin de mois avec le 3% de talent qu’ils détiennent. Triste monde on va me dire, mais c’est ainsi, et on va faire avec. J’ai d’ailleurs envie de dire qu’on avait été prévenu par l’infernal 1er single qui épatait par une production déséquilibrée, incohérente et surtout qui laissait un terrifiant arrière-goût de Sexy Bitch. Les mimiques de Nicki sont ridicules (je veux dire encore plus ridicules que d’habitude) et comme toujours on nous refout un useless (ici Flo Rida) noyé sous une avalanche de vocoder utilisé de façon presque obscène. Pour le clip, inutile de trop se fatiguer, même pas la peine de se rencontrer, on fait notre petit ménage chacun dans son coin et on rajoute quelques effets avec des bulles qui emprisonnent le son, et voilà, emballé c’est pesé, on gagne du temps et surtout de l’argent, on criera au génie car c’est signé Guetta et on s’alourdira encore plus le porte-monnaie. Étonnant? Renversant? Mais ce n’est pas tout. Le plus fou dans tout ça, c’est qu’il réussit à nous refoutre exactement la même recette quelques mois plus tard, et on n’y voit (presque tous) que du feu.
Le second single reprenait avec une dextérité presque mathématique les principes de structure qui englobaient le lead single. Devant une production globalement basique et mal ficelée, est convié un des “chanteurs” les plus en vogue en ce moment, j’ai nommé Taio Cruz, qui, par sa voix mielleuse avec ses airs de séducteurs et briseurs de cœurs, arrive une fois de plus à s’afficher comme étant le parfait produit commercial. On a aussi appelé Ludacris à le rescousse, non pas pour qu’il serve à quelque chose, ça se saurait, mais plutôt pour le sortir des oubliettes où ils siègent depuis déjà plusieurs années. C’est donc un petit coup de pouce du copain Guetta. Merci l’ami! On n’a pas non plus oublié de rajouter la trace Sexy Bitch mais cette fois dans les paroles, sauf qu’on renomme la pétasse en chaleur en la mauvaise petite fille, ça fait quand même plus sophistiqué. Pour ce qui est du clip, on prend les mêmes et on recommence, on reste dans ce contexte très low-cost où tout le monde il fait la fête et tout le monde il est content, ponctué d’un effet futuriste comme dans “Where Them Girls At?” : après les bulles qui renferment la musique, on a le droit aux chorégraphies qui font tourner la Terre. Bref voilà ça fait moderne, les chaînes télévisées adorent, on reste dans le bas budget, et puis de toute façon le placement de produits est toujours là pour nous donner un coup de main.
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Après avoir honteusement misé sur les chevaux gagnants, c’est donc le 29 août dernier que le créateur de “Love don’t let me go” nous a livré sa dernière création.
Et c’est donc dans cette optique que j’ai entamé ce cinquième opus, sans grand espoir et plaçant automatiquement la barre bien basse.
Certaines de mes craintes se sont cependant dissipées au bout de quelques écoutes : il n’a fort heureusement pas fait pire que les deux premiers singles. Si l’ensemble s’avère être très médiocre et dénué d’originalité, on reste toujours dans une certaine limite que les deux premier singles avaient hélas franchie de trop loin.
Mais ce disque présente quand même de beaux désastres. Parmi les horreurs de l’année, on retrouve ‘I Just Wanna F.’ en tête de liste, qui par une production plate, de mauvais goût, et un Timbaland plus mollasson que jamais reste un des plus gros échecs du DJ. ‘I Can Only Imagine’ et ‘Crank It Up’ suivent de très près, l’un par deux trublions sans talent qui dénaturalisent totalement un mix à la base pas trop mauvais (et bonjour le vocoder, hein) et l’autre étant un mélange assez peu digeste entre un ‘Whine Up’ réchauffé et un ‘Dirty Situation’ mal conservé (‘pis les couplets ressemblent assez à Drop Dead Beautiful de Britney j’ai envie de dire, mais je vais me taire).
Mais ça ne s’arrête pas là. On peut même en étant doté d’une très faible finesse musicale vite comprendre que l’album réserve encore de mauvaises surprises. J’en viens au deux plus grosses bouses de tout l’album (singles non compris). L’un qu’on a volontairement ou non tous entendu 10 fois par jour durant tout le printemps dernier. Il s’agit de Sweat sûrement le pire titre de tous. Production brouillon, et paroles ahurissantes de stupidité, dominé par un Snoop Dogg plus macho que jamais.
Et c’est décidé, Guetta nous re-présentera désormais à chaque ère son tube ‘I Gotta Feeling’ qu’il tentera tant bien que mal de camoufler sous un autre titre et quelques arrangements disséminés pour donner l’illusion au public qu’il s’agit d’un titre tout neuf. D’une parfaite disharmonie entre ‘I Gotta Feeling et On The Dancefloor, est donc né ‘Nothing Really Matters’. C’est sans aucun doute le titre qui présente le moins d’intérêt, reprenant péniblement les mêmes accords que le tube du groupe de Will.I.Am, accompagné d’arrangements fades et déjà fait, dominé par un Will.I.Am qui laisse aussi indifférent que d’habitude. Ce titre est d’autant plus sidérant de médiocrité quand on sait qu’il s’agit du titre phare de l’album, ayant emprunté son titre dans les paroles du morceaux (qui au passage se révèlent être encore plus insanes que les autres textes du projet). On poursuit avec ce qui est considéré à ma grande incompréhension comme étant le “meilleur titre de l’album”, à savoir ‘Without You’. C’est pour moi une composition comparable à de la belle pâte molle, gluante et sans saveur où Usher aux faux airs sentimentaux et amoureux scandent sa énième déclaration amoureuse à qui voudra. Je ne comprends vraiment pas en quoi ce titre plaît tant.... Ce n’est pas parce qu’un morceau de Guetta ne contient pas de BOOMS BOMMS BAM BAM que ça en fait de lui un bon titre, bien le contraire pour le cas de ‘Without you’.
Ce projet atteint donc un niveau de médiocrité hors norme. Parmi tous ces titres qui scandalisent par leur facilité et leur ressemblance frappante, je ne sauve pas grand chose si ce n’est le prosaïque ‘Night Of Your Life’ qui calque d’une façon éhontée la structure et mélodie de l’indigeste ‘Only Girl’ de (Uselessnna) Rihanna mais qui reste écoutable grâce à Jennifer Hudson. Calé pour les dancefloors, ‘Turn Me On’ sort aussi du lot par une production très simpliste et plutôt imbuvable mais par une efficacité notable qui a tout pour devenir le prochain tube de cet hiver (bien qu’on ne peut s’empêcher de réprimer un hurlement de rire quand on entend la monstruosité qu’est la voix de Nicki... seriously, mais qui a eut le cran de publier ça?). ‘Repeat’ tire par ailleurs son épingle du jeu bien qu’outrageusement banal et dépourvu de saveur mais avec la kyrielle d’horreurs présentées tout au long du disque, on reste satisfait face à des pistes de ce type.
Et enfin, l’attente aura été longue mais après 11 titres plus ou moins pénibles à écouter et qui entraînent l’auditeur dans une lutte psychologique acharnée entre rester éveillé et succomber au sommeil tant désiré, on trouve UN bon titre dans tout l’opus. Saluez donc la prestation plus que remarquable d’une des seules vraies chanteuses de l’album, à savoir l’australienne SIA. Par une voix toute en puissance et remarquablement maîtrisée, un côté démesuré, et une production qui certes frôle le bourrin mais reste agréable, est né l’épique Titanium. 4 minutes entières de guilty pleasure après les 45 premières minutes de torture. Comme quoi le Guetta sait être généreux, au fond.
‘Nothing But The Beat’ arrive donc comme tout le monde s’en doutait déjà à squatter les classements de ventes mondiaux. La question est, combien de temps cela va-t-il durer? Car bon opportuniste qu’il est, ce cher David surfe sur la vague du succès l’électro redevenant tendance, mais qu’adviendra-t-il de lui lorsqu’on sera passé un autre chose?
Il serait grand temps que cet individu de 40 ans se remette en question quant à sa crédibilité aussi bien musicale qu’artistique et à l’image qu’il peut donner des DJs français d’aujourd’hui . Qu’il n’oublie pas quand même pas que la quarantaine est synonyme de maturité et qu’il se pose la question de savoir si sa vocation est de créer jusqu’à ce que la roue tourne une ribambelle de tubes surgelés et dores et déjà destinés aux poufs et rappeurs de 20 piges qui restent les objets manipulés de tout cet algorithme commercial.

Ah et sinon l’album contient au moins un point positif non négligeable : On n’entend pas une seule fois la voix de Pitbull, ce qui devient rare aujourd’hui.